Le développement du cerveau de l'adolescent

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Le cerveau adolescent n'est pas comme le cerveau adulte

La violence souvent présente à l'adolescence, les comportements agressifs et totalement désinhibés, les bagarres qui éclatent dans les cours de récréation de nos collèges, parfois simplement parce que notre meilleur ami nous a volé un stylo, peuvent être expliqués par les neurosciences. Il faut être vigilant, car ce comportement pourrait facilement être assimilé à une dérive ou à un comportement antisocial, mais cette stigmatisation serait à la fois fausse et horrible pour les enfants. Ce serait faire une erreur : penser qu'un adolescent fonctionne comme un adulte, qu'il a les mêmes capacités. Ce n'est pas le cas.
 
En effet, le cerveau adolescent, bien que déjà bien développé, n'est pas aussi figé et mature qu'on pouvait le penser il y a 15 ans. On a pu observer notamment de grandes différences au niveau du lobe préfrontal avec un cerveau adulte.
La quantité de matière grise ( contenant les noyaux des neurones et les connexions synaptiques) augmente à l'adolescence, elle n'est pas stabilisée.
 
 
Au niveau de la quantité de matière grise dans le cortex préfrontal, on observe un pic à l'âge de 13 ou 14 ans. On remarque que ce pic intervient plus tard pour les garçons que pour les filles, tout comme la puberté. Il s'agit d'une période où la dégénérescence des connexions inutiles n'a pas encore eu lieue et de nombreuses connexions inutiles "troubleraient" les processus cognitifs du lobe préfrontal. Les processus qui dépendent du lobe préfrontal sont les fonctions exécutives, c'est à dire la planification, l'inhibition et autres fonctions supérieures. Inhibition des comportements violents par exemple...

Quelles sont les conséquences de ce développement tardif du cortex préfrontal ?

Outre la difficulté plus grande qu'ont les adolescents à inhiber leurs comportements violents ou émotifs, outre  la difficulté qu'ils ont à voir loin dans l'avenir pour comprendre les conséquences de leurs actes, le cortex préfrontal, et plus particulièrement le cortex préfrontal médian est impliqué dans la compréhension des intentions et émotions d'autrui. 
Activité décroissante du cortex préfrontal médian pour la compréhension d'autrui avec l'âge : un signe que la tâche devient plus simple
 
On observe dans cette région médiane du cortex préfrontal une diminution de l'activité cérébrale avec l'âge, en réponse à une même activité de compréhension d'intention, de point de vue ou d'émotion chez autrui. On pourrait penser qu'une diminution d'activité pourrait signifier une diminution de capacité à comprendre autrui. En réalité, il faut corréler ceci avec ce que nous disions précédemment : la quantité de matière grise diminue, en même temps que l'activité cérébrale dans cette région. Il s'agit en réalité d'une élimination de processus gênant la compréhension d'autrui, et donc d'une meilleure acuité à cette tâche. La tâche devenant plus facile car moins dispersée, on a besoin de moins d'efforts (ou charge cognitive) pour arriver au même résultat. Pour un adolescent, comprendre autrui (son point de vue, ses émotions, ses intentions...) est donc plus difficile que pour un adulte.
 
Activité décroissante du cortex préfrontal médian pour la compréhension d'autrui avec l'âge : un signe que la tâche devient plus simple
Le cortex limbique et la prise de risque
Les lacunes des fonctions exécutives amènent à avoir des comportements plus risqués, plus "inconscients". Comme un comportement n'est souvent pas l'apanage d'une seule région, il a fallu comprendre les autres processus en jeu. On a trouvé une seconde explication avec l'activité du cortex limbique.
Le cortex limbique, impliqué dans les émotions et l'instinct, fait parti du cerveau reptilien, le cerveau que même les animaux possèdent. Néanmoins, chez l'adolescent, il n'est toujours pas à maturité : il est beaucoup plus sensible que chez l'adulte. A quoi est-il sensible ? Notamment à la récompense. Donner un sucre à un chien est un moyen ultime pour lui faire faire n'importe quoi, le principe est le même chez l'adolescent (je ne dis pas que nos adolescents sont des chiens, attention !). N'importe quelle récompense sera mal évaluée, et entraînera un comportement plus extrême pour être atteinte. Couplé à la désinhibition, on comprend pourquoi nos adolescents peuvent prendre des risques inconsidérés dans leur vie quotidienne sans même comprendre qu'il s'agit d'un risque...

Cette conférence nous permet de mieux comprendre nos adolescents, et peut permettre à nous autres, adultes, de mieux les guider dans leur développement, d'éviter les incompréhensions et les réactions qui sont basés sur l'idée fausse que nos adolescents sont déjà "grands"...
 
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Source: http://psychologie-cognitive.blogspot.com/2013/06/le-developpement-du-cerveau-adolescent.html
 
 

 

 

Mots-clés: stress , apprentissage, confiance, troubles attention, concentration, memoire